Inside Fivebet Avril 2023
On croise ces deux hommes depuis près de quinze ans dans les Poker Room de France et du monde entier. Connectés par une complicité professionnelle et une vision commune du jeu, Benjamin Camps et Thomas Gimie ont planté ensemble l’arbre Fivebet, en y semant les graines et le savoir-faire accumulés depuis leurs débuts, entre le Cercle Gaillon et le Casino Grand-Cercle d’Aix-Les-Bains. Retour sur le parcours des TD à l’origine de l’univers Fivebet.
Fore to the floor
La voie classique lorsqu’on commence comme staff poker, c’est le triptyque “croupier, floor, TD”. Une évolution hiérarchique que n’a absolument pas suivie Benjamin Camps, qui enfile directement le costume de floor, un peu par hasard. « En 2007, je reçois un coup de fil de Nicolas Fraïoli (directeur de tournoi de l’ACF) qui me propose d’aller travailler sur un tournoi, se souvient le Parisien. A l’époque le métier de floor n’existait pas vraiment. J’ai saisi l’opportunité, Nicolas m’a mis en relation avec Samy Torbet, qui s’occupait de la formation de croupier dans certains casinos en France, et notamment à Aix-Les-Bains au Casino Grand Cercle ».
Premier tournoi le 16 décembre 2007. Benjamin ne connaît pas encore toutes les règles du TDA, mais il a déjà un petit bagage poker en qualité de joueur, et surtout, de l’expérience dans l’événementiel B2B. Son père lui a fait découvrir l’ACF depuis 2002 déjà et Benjamin a suivi des études en management et gestion des ressources humaines.
Il se forme sur le terrain, à Aix-Les-Bains donc, ainsi que dans les autres établissements associés à la fédération française des casinos indépendants. Evian, Granville, Mandelieu, Cap D’Agde, et bientôt Marrakech, où Benjamin accompagne les tournois estampillés WPT, ChiliPoker DSO et autres MPO.
La rencontre de Lucille Denos, directrice de tournois chez Barrière Poker, lui ouvrira la porte d’un nouveau circuit. Testé sur un premier évènement à Lille, où il rencontre un certain Thomas Gimie, Benjamin intègre les équipes de Lucille, qui le place sur les évènements majeurs du circuit français, des WSOP Europe à Cannes, Enghein, EPT Deauville, BPT ou WPT… Des tournois qui sentent bon le poker des années 2010.
Benjamin devient un TD accompli et fait la rencontre d’autres références du métier. « Le monde est petit, on se connait tous et on apprend des croupiers, floors et TD qu’on croise sur les différents tournois. J’ai travaillé avec les plus grands et évolué avec les meilleurs ».
Venu du théâtre pour jouer les premiers rôles
Benjamin évoque ici le collègue qu’il croise depuis ses débuts et qui deviendra quelques années plus tard son associé. Thomas Gimie, lui, a monté les marches de la hiérarchie depuis la case croupier. En revanche, il les a escaladées à toute vitesse.
« J’ai évidemment découvert ce jeu en tant que joueur. Non pas avec des prétentions, mais juste comme une activité plaisante, rappelle Thomas qui s’organise quelques soirées poker avec les copains après les cours. Je faisais du théâtre, c’est le milieu d’où je viens. Je cherche un job étudiant et je me rends compte qu’à l’époque, à Paris, les clubs de jeux rémunéraient bien et pouvaient embaucher en extra ». Le jeune comédien apprivoise vite ce nouveau décor, et enchaîne les répétitions au Cercle Gaillon.
« J’ai aimé la mise en scène, le protocole qui entoure le jeu, et les rencontres que j’y ai faites. De ces rencontres sont tout de suite arrivées des opportunités. Parce que l’époque s’y prêtait, et sans doute parce que j’étais très disposé, ouvert, disponible, pour rencontrer, découvrir, évoluer, risquer, essayer… Et je me suis retrouvé à former des gens alors que j’étais moi-même formé depuis très peu de temps ».
En pleine ascension, Benjamin et Thomas partagent une passion et une vision commune de leur métier. « On s’est rencontrés très tôt dans nos carrières respectives, qui ont démarré en même temps, en 2007 ou 2008, se souvient Gimie. Il y a eu très vite la conscience que l’un et l’autre prenions ce job, qui est un jeu, une farce, avec beaucoup de sérieux ».
Un point commun accrocheur, qui place le bien de l’évènement au-dessus de toute autre considération.
« On parle d’une époque où il y avait beaucoup de place, beaucoup de choses à faire. Ça crée quand même un climat de concurrence entre les aspirants potentiels à des postes à responsabilité. Ben et moi on ne s’est jamais retrouvé dans une posture de compétition, l’un vis à vis de l’autre. On s’est toujours profondément respecté du point de vue professionnel et profondément apprécié du point de vue personnel. Notre manière de travailler ensemble hérite de l’historique de cette relation-là, qui s’est construite sur des bases très saines. Il y a des événements où j’étais croupier et il était floor, d’autres où il était floor et j’étais TD. Les positions hiérarchiques s’inversaient et on était hyper malléables là-dedans. C’est un des piliers de la qualité de notre relation. ».
Carrière parallèle, projet commun
Benjamin et Thomas poursuivent leur carrière sur des chemins parallèles, sans jamais défaire le lien qu’ils ont tissé. Le premier s’engage comme directeur opérationnel chez Texapoker après avoir longtemps collaboré au sein des Cercles Cadet et Clichy, la carrière du second prend une dimension plus internationale, en intégrant notamment le staff dirigeant du circuit EPT. Pour autant, les deux hommes s’appellent régulièrement, collaborent sur le développement du circuit FPS ou sur les étapes Pokerstars.
« Au bout d’un moment, dans nos parcours respectifs, le fait qu’on se retrouve à monter le projet ensemble devient évident. On partageait l’envie de mettre à profit toutes ces années d’expérience et de terrain, pour faire quelque chose à notre image, avec ce qu’on estime, ce qu’on a vu et entendu, ce qu’on a travaillé, de la manière la plus intelligente possible » analyse Benjamin, qui appelle Thomas en 2021 pour bâtir le projet « Accepted Action ».
Il se matérialise par un circuit, le Fivebet Festival, dont la première saison se ponctuera à Paris début juin. La marque propose également des activités de consulting, pour partager son expertise avec les casinos dans le développement de leur activité poker, comme Benjamin et Thomas l’ont déjà fait dans leur carrière avec de nombreux établissements en France.
Des produits mais surtout un état d’esprit. Un cocktail mêlant rigueur et convivialité, qui a fait le succès de leur parcours et qui infuse dans chaque évènement organisé par les deux TD. « On a cette étiquette où le public sait que quand il vient sur nos tournois, c’est carré. On a une manière de travailler très amicale, on doit être commerçant et commercial, mais aussi inflexible sur certaines situations, avec le doigté pour pouvoir faire accepter des décisions de règle qui ne sont pas toujours faciles » détaille Benjamin.
A l’image de leur relation, les tournois Fivebet laissent place à la déconnade et au plaisir, en faisant attention au bien-être de chacune des parties prenantes pour que l’évènement soit réussi. « C’est la seule chose qui compte, et ça passe par les trois piliers principaux : le staff, les joueurs, et le casino hôte ». Pas besoin de réinventer la roue pour apporter une vision neuve et un vent de fraicheur sur le circuit français.